ACQUISITION MAJEURE DE LA COMEDIE-FRANCAISE EN 2022
Du 15/09/2022 au 31/12/2023

Le tableau de Merwart présente une vue inédite du péristyle. La bibliothèque-musée de la Comédie-Française ne possède aucune vue du péristyle antérieure à 1911. Cette iconographie est donc très rare.
Le point de vue du peintre se situe du côté de l’entrée actuelle du théâtre. La perspective donne à voir l’entrée du public, du côté de la rue Montpensier. La représentation du public est très vivante, avec les hommes en noir, les femmes en robes du soir, et un huissier représenté devant une cahute en bois servant de billetterie et de boite à sels. L’escalier d’honneur se trouve donc dans le dos du spectateurs.
L’architecture du péristyle est tout à fait reconnaissable avec ses colonnes doriques, son plafond rond à caissons. Les trois sculptures monumentales représentent trois comédiens. Deux de ces œuvres sont toujours présentées au péristyle : Mlle Rachel en Phèdre par Francisque Duret (1865) et Mlle Mars en Célimène par Gabriel Thomas (1865). La figure centrale, Talma méditant le rôle de Sylla par David d’Angers (1837), est désormais exposée dans l’entrée de l’administration. Les trois sculptures étaient alors présentées sur des socles rehaussés pour augmenter leur monumentalité.
Le tableau de Merwart complète l’iconographie peinte de cette période, puisqu’on observe un engouement des peintres pour les scènes de genre au théâtre, en particulier à la Comédie-Française. Dans les collections de la Comédie-Française, on peut citer les œuvres suivantes :
Un entracte à la Comédie-Française un soir de première, en 1885, par Edouard Joseph Dantan, huile sur toile, 1886.
Une lecture au comité en 1886, par Henri-Adolphe Laissement, huile sur toile, 1886
Le
foyer du public par Gaston La Touche, huile sur panneau, autour de 1900
L’acquisition du tableau de Merwart complète donc parfaitement la
collection de la Comédie-Française.
Paul Merwart (Marianówka 1855 – Saint-Pierre 1902) est un peintre franco-polonais. Il passe sa jeunesse en Pologne et étudie l’art aux Beaux-Arts de Vienne, ensuite à Munich et Düsseldorf. En 1877, il s’installe à Paris, il est l’élève d’Henri Lehmann à l’École des Beaux-Arts. Lauréat de l’École il expose nombre de toiles, notamment des portraits et des tableaux de genre, récompensées et certains acquis par l’État ou des musées locaux.
Illustrateur, il travaille pour les principaux journaux illustrés, tels que L’Illustration ou L’Univers illustré. A Paris, il habite avenue Frochot dans le IXe arrondissement, non loin du cabaret Le Chat Noir, où il se rend fréquemment et réalise des portraits des hôtes les plus célèbres du cabaret.
Peintre de la réalité parisienne, il est reconnu en tant que portraitiste, et il s’attache également à peindre les scènes de la vie moderne.
De nombreuses estampes réalisées par Paul Merwart portant sur des sujets d’actualité politique et sociale à Paris sont aujourd’hui conservées au Musée Carnavalet.
La mémoire de Merwart se lie étroitement aussi à Fontainebleau. Ses commanditaires américains lui demandaient des portraits sur fond de paysage : il y habita rue Charles-Lecomte. Une toile de cette période représentant une vue de Château-Landon est conservée au Musée d’Orsay.
Il passa la période finale de sa vie en peignant des paysages exotiques et des colonies françaises. Il entra dans le milieu colonial grâce à son frère Émile, ancien major de l’École coloniale et gouverneur de la Guyane et ensuite de l’Oubangui-Chari. Paul Merwart visita les iles Canaries, le Sénégal et le Soudan (1897), la Tunisie (1899) en mission artistique pour le ministère des Colonies. Il est nommé peintre officiel du ministère des Colonies en 1896 et de la Marine en 1899. Il se spécialisa dans les portraits d’explorateurs, comme celui d’Émile Gentil découvreur du lac Tchad et celui d’André Lebon ministre des colonies, les deux conservés au musée de la Porte Dorée.
Il mourut sur l’ile de la Martinique, suite à l’éruption de la montagne Pelée, qu’il voulait peindre et dont il avait fait à peine en temps à réaliser quelques toiles. Ses cendres furent scellées dans un médaillon de la Caverne d’Augas à Fontainebleau.
En 1885, Paul Merwart exécute une œuvre : Le Vestibule de la Comédie Française. Cette œuvre constitue un témoignage historique d’une soirée de spectacle dans le Paris de la modernité.
Dans ce hall d’accueil de forme arrondie conçu par Victor Louis, les visiteurs en costume du soir se disposent en petits groupes, animant l’espace central. La seule source de lumière venant des lustres autour de la salle ronde met en valeur la monumentalité de l’architecture et des statues classiques. Le clair-obscur donne la possibilité au spectateur d’approcher l’intimité d’un parisien ou d’une parisienne le temps d’un instant, un soir de spectacle sous la IIIème République. La couleur rouge apparait timidement dans la scène mais de manière puissante notamment sur les vêtements des dames.
Le musée Carnavalet conserve dans ses collections un dessin représentant le foyer du public de la Comédie Française, dessin à la plume de Merwart.